Son père était artisan ébéniste et sa mère, femme au foyer. Il était le deuxième enfant d’une fratrie de quatre. À l’âge de 12 ans, Nisso fut initié par son père au travail de la menuiserie.
Il s’initia également à la plomberie, à la ferronnerie d’art et au vitrail. Il apprit des langues vivantes, outre l’italien, la langue officielle, il maîtrisait le français, l’espagnol, le grec et le turc. Il fut aussi tout comme son père musicien. Il jouait de la guitare, du violoncelle et de la batterie. Il fut également, à ses heures perdues, guide pour les touristes étrangers qui visitaient Rhodes. La rencontre fortuite avec un photographe, en train de pratiquer son art dans un jardin public, décida de sa vocation. Il entra aussitôt en apprentissage chez un photographe de la ville. Après son apprentissage, il ouvrit un studio de photographie sur la place du vieux quartier de Rhodes.
La déportation des Juifs de Rhodes se fit le 23 juillet 1944.
C’est ainsi que Nisso Pelossof et sa famille quittèrent leur île pour ne plus y revenir.
Après plusieurs jours de voyage en train dans des conditions effroyables, ils arrivèrent enfin à Auschwitz Birkenau, le 16 août 19442. Transféré au au camp de Mauthausen en janvier 1945, il fut libéré en mai 1945 par les soviétiques. Nisso, en tentant de rejoindre Budapest, rencontra des soldats américains puis des prisonniers de guerre français qui venaient eux aussi d’être libérés. Atteint du typhus, il fut soigné dans le camp français et fut évacué par avion vers la France1.
Arrivé en France, terrassé à nouveau par le typhus, Nisso parvint à guérir et put reprendre son métier de photographe. Une décision gouvernementale, l’obligea – en tant qu’ancien déporté étranger – à résider dans le département de l’Aisne. Il fut employé chez un photographe de Saint Quentin, c’est là qu’il rencontra sa future épouse.
En 1951, il s’installa avec sa femme Janine à Amiens où ils achetèrent un studio photographique, fonds de commerce et immeuble. Il acquit enfin la nationalité française en octobre 1953. La même année, le couple acheta une parcelle dans les hortillonnages1.
À la nouvelle d’un projet de rocade routière traversant les hortillonnages, Nisso Pelossof créa, en 1975, l’Association pour la protection et la sauvegarde du site et de l’environnement des hortillonnages, qu’il présida jusqu’en 2007. À la tête de cette association, il œuvra à l’annulation du projet routier de liaison est-ouest de la ville d’Amiens. Un travail de préservation du site fut ensuite lancé sous son impulsion: curage des rieux et consolidation des berges. Puis Nisso mena une action de valorisation de la production maraîchère des hortillonnages par le maintien du « marché sur l’eau » (marché de primeurs) place Parmentier, au port d’amont, au pied de la cathedrale d’Amiens Ce fut enfin la transformation du site en lieu touristique et l’organisation de visites en barque à partir de 1982. Une campagne de restauration des rieux fut entrepris après les inondations de 2001.
Il mourut le 7 mai 2011 et fut inhumé au cimetière Saint-Pierre d’Amiens.
En 2002, Nisso Pelossof fut fait chevalier de l’ordre nationale du mérite, puis officier, en 2011